Frank Anne. Le Journal. Editions Le Livre de Poche, mai 2017, 368 pages.
Mots-clés : clandestinité, occupation nazie, cachette, maturité, crainte
Le Journal d'Anne Frank est un récit autobiographique écrit par Anne Frank, une adolescente juive d'origine allemande, entre 1942 et 1944, alors qu'elle se cachait avec sa famille pour échapper aux persécutions nazies pendant la Seconde Guerre mondiale.
Anne, âgée de 13 ans au début du récit, commence son journal peu avant que sa famille ne se cache dans l'Annexe, un espace secret situé à Amsterdam derrière le bureau de la Société Opekta de son père qui vend des gélifiants pour confiture. Pendant deux ans, Anne y vit avec ses parents, sa sœur Margot, une autre famille juive (les Van Pels) et un dentiste (Fritz Pfeffer). Dans le Journal elle change le nom des Van Pels qu'elle appelle les Van Daan, et celui de Fritz Pfeffer qu'elle appelle Albert Dussell.
Son journal décrit la vie quotidienne dans ce refuge exigu, les tensions entre les membres du groupe, leurs espoirs et leurs peurs alors qu'ils vivent dans la crainte constante d'être découverts. Anne s'entend mal avec sa mère qu'elle décrit comme volubile. De plus sa mère déprécie Anne avec des critiques et des sarcasmes, au contraire de son père pour qui elle est la personne la plus importante du groupe. Anne partage également ses réflexions sur la guerre, la persécution des Juifs, et ses propres sentiments de solitude et d'indignation face à la situation. À travers ses écrits, on voit son évolution personnelle, ses aspirations et sa maturité croissante, bien qu'elle reste une adolescente avec ses rêves et ses préoccupations. Anne a aussi une faculté d'analyse et une sagesse étonnante pour son âge.
Malheureusement, en 1944, la cachette est dénoncée et ses occupants sont arrêtés. Anne Frank meurt du typhus au camp de concentration de Bergen-Belsen en 1945, peu avant la libération. Son journal, retrouvé par sa protectrice Miep Gies qui a caché sa famille, et publié par son père Otto Frank, est devenu un témoignage émouvant de la Shoah, ainsi qu'un symbole universel de résistance et d'espoir face à la barbarie.
Le Journal d'Anne Frank n'est pas seulement un témoignage historique, mais aussi l'expression sensible et humaine des pensées et des émotions d'une jeune fille confrontée à une réalité tragique.
Notre avis sur le livre :
Le Journal d'Anne Frank est un témoignage intime et bouleversant qui met un visage humain sur les horreurs de la Shoah. À travers les yeux d'une adolescente pleine de vie, de rêves et de réflexions profondes, le lecteur découvre non seulement les réalités terribles de la clandestinité sous l'occupation nazie, mais aussi la richesse intérieure d'une jeune fille en pleine maturation. Ce journal, d'une sincérité désarmante, est d'une force émotionnelle rare. Il rappelle l'absurdité et la cruauté de la guerre, tout en témoignant de la résilience de l'esprit humain. C'est un récit à la fois tragique et universel.
Lançon Philippe. Le Lambeau. Editions Gallimard, avril 2018, 512 pages.
Mots-clés : reconstruction, résilience, douleur, attentat, hôpital
Le Lambeau est un récit autobiographique bouleversant écrit par Philippe Lançon, journaliste et écrivain, publié en 2018. Le livre raconte l'histoire de sa vie après l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, dont il a été l'une des victimes.
Philippe Lançon, gravement blessé au visage lors de l'attentat, décrit avec précision et émotion son parcours de reconstruction physique et psychologique. Il plonge le lecteur dans l'univers de l'hôpital, où il subit de multiples opérations de reconstruction faciale, et raconte la douleur, la solitude et les moments de doute qui ont marqué cet épisode de sa vie. Le terme "lambeau" désigne la partie de peau utilisée pour reconstruire son visage, mais il symbolise aussi les morceaux de vie brisés qu'il tente de raccommoder.
Lançon ne se limite pas à la description de son état physique. Il revient aussi sur la vie qu'il a eue avant l'événement tragique de l'attentat, son rapport à l'écriture, à la culture, à la musique et à la littérature, qui l'ont aidé à surmonter cette épreuve. Le roman est aussi une analyse sur la violence, la mort, et la manière dont la vie continue après un tel traumatisme.
Le livre est écrit avec une grande sensibilité, oscillant entre des passages très attristants et d’autres empreints d’humour et de résilience. Lançon y mêle des souvenirs, des réflexions intimes et des observations sur la société, tout en évitant le pathos.
En somme, Le Lambeau est un témoignage poignant sur la fragilité de la vie, le combat pour la survie et la force de l’art face à la sauvagerie.
Notre avis sur l'oeuvre :
Le Lambeau de Philippe Lançon est un témoignage d'une rare intensité, qui allie la douleur d'une expérience traumatique à la beauté d'une écriture sensible et réfléchie. Ce récit bouleversant nous plonge dans les pensées d'un homme brisé, mais dont la reconstruction, tant physique que mentale, est racontée avec une profondeur philosophique et littéraire frappante. Lançon réussit à éviter le piège du misérabilisme en imprégnant son récit de réflexion sur la vie, l'art et la résilience. La richesse de ses références culturelles et la sincérité de son propos en font un livre aussi nécessaire que touchant.
Riss. Une minute quarante-neuf secondes. Editions Acte Sud, octobre 2019, 320 pages.
Mots-clés : terrorisme, prosélytisme, fanatisme, réactionnaire, larmes
L'attaque terroriste contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 est tombée dans le domaine public, avec les manifestations de soutien et les pancartes "Je suis Charlie", slogan créé par Joachim Roncin dans les heures suivant l'attentat. C'est cette histoire collective qui est racontée dans le livre de Riss. Celui-ci permet de se rappeler qu'à cette date 12 personnes ont perdu la vie dans la salle de rédaction du Journal, dont les emblématiques dessinateurs Charb, Tignous, Wolinski et le doux luron du Club Dorothée Cabu. La plume contre la fanatisme est un symbole hérité des Lumières comme la paix perpétuelle de Kant.
Blessé d'une balle à l'épaule, à l'hôpital, Riss est persuadé que les assassins sont à la recherche des blessés pour les achever. Sous la pression des idéologies extrémistes il est impossible pour Riss "d'écrire quoi que ce soit", phrase du début du livre. Pour faire suite à cette idée Riss dénonce le prosélytisme, le zèle pour recruter des adeptes, dans des croyances archaïques et idées réactionnaires. Kant parlait de l'enjeu de faire disparaître la mort violente liée à des actes de sauvagerie, l'enjeu de faire sortir les hommes de l'état de nature pour convenir d'un pacte social. Pourtant la violence n'a pas disparu et fait maintenant partie de nos atomes après que l'atrocité d'un attentat nous tombe dessus. Les deux frères assassins ne sont jamais nommés par Riss tout en dénonçant les fanatiques mus par l'idée de parachèvement divin. On peut reprendre l'idée des Lumières qui remettait en cause les préceptes révélés de la religion au profit de la raison ou lumière naturelle, vers l'autonomisation du sujet. Forcément elle exclut les crimes de religieux fanatiques. Riss s'insurge des accusations de racisme à l'encontre de ceux qui ont participé aux manifestations du 11 janvier dénonçant les crimes djihadistes et considérés comme la "France blanche de zombies catholiques" par de lâches collabos aux dires de Riss.
Notre avis sur le livre :
Riss, malgré le choc causé par l'attentat, garde son âme de dessinateur satirique, même si l'empreinte indélébile de la scène de crime reste irréversible, ce qui est à même de susciter des larmes, en même temps qu'un profonde indignation contre les actes de barbarie.
Souad. Brûlée Vive. Editions Pocket, juin 2004, 240 pages. (Collection Pocket).
Mots-clés : crimes, maltraitance, coutumes archaïques, patriarcat
"Brûlée Vive" est le premier témoignage d'une rescapée de crime d'honneur. La chronique est racontée par Souad, la victime qu'on a tenté de tuer et Jacqueline Thibault de la Fondation Surgir, une ONG suisse qui combat les violences faites aux femmes dans le monde.
Des doutes pèsent quant à la véracité des faits exposés. La narratirce est censée être née en Palestine, mais il y a beaucoup d'incohérences dans l'histoire et les descriptions culturelles d'après l'historienne australienne Thérèse Taylor qui laissent penser que Souad n'est pas née en Palestine. De plus il y a incohérences médicales. Souad affirme avoir survécu à des brûlures à 90% du corps, 70 % selon des rééditions, ce qui est une impossibilité médicale selon le contexte de l'époque en Palestine, d'autant qu'elle prétend n'avoir reçu aucun soin. De plus sa soeur aurait été étranglée par son frère Assad à 14 ans avec un fil de téléphone parce qu'elle aurait utilisé le téléphone, ce qui était interdit aux filles. Cela serait incohérent étant donné que le téléphone ne serait pas encore installé dans la région à cette époque.
Néanmoins on peut voir lors d'un témoignage chez Thierry Ardisson que Souad a des stigmates de brûlure sur le corps. On s'interroge sur l'origine de ces brûlures. Le témoignage semble crédible. Souad est enceinte à dix-sept ans en Cisjordanie sans se marier du fait que son amant lui fait faux bond. Selon les coutumes locales la famille est déshonnorée, et si Souad n'est pas tuée, les gens du village rejetteront la faute sur sa famille, tradition tribale pré-islamique qui existe aussi chez les chrétiens du Moyen-Orient, rite qu'on trouve aussi au Bengladesh et au Brésil. La sentance du crime d'honneur est exécutée par son beau-frère. Souad est gravement brûlée et sauvée par une femme travaillant dans l'humanitaire.
Notre avis sur le livre :
Le témoignage est extrêmement touchant et nous interroge sur des pratiques cruelles qui sont pratiquées dans certains pays, ainsi que sur la condition de la femme dans ces pays, l'homme étant un roi et la femme n'ayant que peu de droits. Il existe aussi d'autres pratiques en Afrique Centrale où des enfants sont rejetés étant donné qu'ils sont accusés de sorcellerie selon certaines croyances, comme des enfants autistes, handicapés (par exemple épileptiques) ou surdoués. Le livre de Souad serait un pamphlet, plus qu'un récit véridique, contre les coutumes palestiniennes qui seraient archaïques, les enfants filles pouvant être tuées par leur mère, le personnel médical pouvant aussi laisser mourir les rescapées des crimes d'honneur.
Levi Primo. Si c'est un homme. Editions Pocket, octobre 1988, 320 pages. (Collection Pocket).
Mots-clés : faim, survie, camp d'Auschwitz, déshumanisation
Primo Levi, chimiste juif italien, faisant partie de la résistance anti-fasciste, est arrêté en 1943 et déporté à Auschwitz en 1944. Il a survécu au camp et raconte sa détention dans ce livre.
Le livre pose la question de la déshumanisation des camps où on doit s'organiser pour sa survie. Ce livre fait référence à la Divine Comédie de Dante où il retrouve la paradis après être tombé dans les neuf cercles de l'enfer.
Primo Levi décrit ce que les nazis font subir aux prisonniers, l'humiliation et la ruine de la dignité humaine.
Son témoignage est aussi marqué par la crainte du froid, la faim, l'absence d'intérêt par les prisonniers pour les plus faibles, l'absence de solidarité étant une marque de l'avilissement des êtres. Si c'est un homme témoigne avec réalisme mais sans ressentiment de la déshumanisation des hommes. Primo Levi décrit sa chance d'avoir échappé aux "marches de la mort" (l'évacuation par les SS des prisonniers vers d'autres camps lorsque les Alliés se rapprochaient du camp d'Auschwitz), du fait qu'il était malade de la scarlatine ( maladie infectieuse de la peau) et qu'il avait une place plus protégée en tant que chimiste. A l'infirmerie il organise sa survie avec deux camarades jusqu'à la libération du camp par les soviétiques.
Notre avis sur le livre :
Ce livre est une oeuvre phare de la littérature du 20è siècle dans le cadre de la littérature de la Shoah, aux côtés de La Nuit d’Elie Wiesel et du Journal d’Anne Frank. Le récit de Levi est profondément humaniste, avec une écriture poétique et réaliste, presque clinique pour décrire des conditions de vie où toute humanité semble détruite. Le livre est un témoignage bouleversant, nécessaire et essentiel sur l'enfer des camps de concentration.
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